Le nombre de cadavres pour les apprentis chirurgiens étant désormais insuffisant, l’adage « Voir, enseigner et faire » (« See one, teach one, do one » en anglais) n’est plus vraiment d’actualité en facultés.
Alors, pour palier à ce problème, le numérique s’invite petit à petit. Le professeur Alexandre Mignon explique : « Le problème n’est pas le savoir, mais le savoir-faire. Les étudiants ont à leur disposition une quantité immense de connaissances auxquelles ils ont accès depuis leur ordinateur. Ils nous arrivent très savants ». A travers une plateforme ultramoderne d’enseignement (pour l’instant opérationnelle que sur 3 sites parisiens), les étudiants opèrent en trois dimensions, sur un écran permettant un apprentissage très poussé.
Parmi les innovations impressionnantes, on trouve désormais des corps humains parfaitement reproduits en silicone, qui saignent, parlent, palpitent, fibrillent, embolisent… et qui permettent ainsi une mise en scène concrète.
La réalité virtuelle s’immisce aussi de plus en plus dans l’apprentissage. C’est notamment le cas pour les étudiants en chirurgie maxillo-facial. A l’hôpital Necker, des casques de réalité virtuelle permettent de se promener dans des crânes de 20 mètres de hauteur, et de voir, concrètement et sous tous les angles, la moins fracture présente dans les os de la tête ou de la mâchoire. Les crânes fracturés utilisés ont été modélisés en imagerie 3D, et sont tous inspirés de vraies blessures causées par des armes à feu, des défenestrations ou des accidents sur la voie publique. Le Docteur Khonsari, de l’hopital des enfants malades à Paris, explique : « L’enseignement de cette chirurgie de la face est compliqué car il existe une quinzaine de fractures. Jusqu’à présent, la reconstitution en 3D de scanners permettait une bonne approche, mais restait assez théorique. C’est beaucoup plus marquant pour la mémoire de se retrouver à l’échelle des fractures, et de les explorer de l’intérieur ».
Alors, à quand la balade au sein d’une mâchoire de 20m de haut pour en voir l’intégralité en détails ?
Source : Le Monde
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