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Photo du rédacteurDocteur Bridge

"Ne tirez pas sur les dentistes" : le message d'un praticien adressé aux patients de sa région...



Parce qu’il « aime son métier » et qu’il ne supporte plus de « voir des patients souffrir », parce qu’il est fatigué de voir « des collègues débordés » et las de « prévenir les autorités », Dr Frédéric Besse, installé à Périgueux en Dordogne, a décidé de prendre la plume et d’adresser une lettre ouverte aux patients périgourdins.


Dans cette lettre, republiée par le journal Sud Ouest, il explique comment les mesures barrières mises en place dans les cabinets dentaire pour éviter la propagation du Covid-19, bien que « très justifiées », sont venues « bloquer tout un système » déjà mal en point :


« Madame, Monsieur, chers patients, comme vous avez pu le remarquer, vous avez les plus grandes difficultés pour obtenir un rendez-vous avec votre dentiste, en particulier dans les départements sous-dotés en praticiens comme la Dordogne et bien d’autres encore.


Les raisons de cet état de fait sont multiples et anciennes : depuis des années, nous voyons les praticiens de nos départements partir à la retraite sans être remplacés ; depuis des années, nous prévenons les autorités de la catastrophe à venir ; et depuis des années, par lâcheté politique, par immobilisme administratif, l’État laisse couler l’hémorragie, permettant l’installation de quantités de praticiens dans certains endroits (bords de mer, métropoles) sans les inciter à s’installer là où ils feraient besoin.


Le résultat est là : 200 praticiens pour 420 000 habitants en Dordogne, 1 200 praticiens pour 1,5 million d’habitants en Gironde. Cherchez l’erreur. Afin de bien soigner l’ensemble des Périgourdins, en temps normal, il faudrait que nous soyons 300 praticiens.


Parce que le problème du jour est là : les temps sont anormaux. Les protocoles draconiens imposés par l’épidémie en cours (parfaitement justifiés) ont considérablement réduit la quantité de patients que nous pouvons recevoir quotidiennement, en allongeant la durée des rendez-vous. Selon les cabinets et leur approche des protocoles de prévention Covid, cette réduction va de 30 à 50 %.


Cela rend la gestion des urgences totalement impossible, car là ou autrefois, avant le Covid, nous arrivions à recevoir huit à dix urgences par jour, nous en sommes réduits à trois ou quatre. C’est d’autant plus grave et prégnant que durant les deux mois du confinement, aucun cabinet dentaire n’a travaillé, ce qui a conduit à une accumulation terrifiante de problèmes dentaires qui n’ont pu être soignés, et qui sont impossibles à rattraper.


Mais il y a pire. L’ARS [NDLR : Agence régionale de santé], sans doute désireuse de faire oublier sa gestion calamiteuse de la crise du Covid, n’a rien trouvé de mieux à faire que de nous interdire d’augmenter le nombre de nos gardes des dimanches et jours fériés dans des proportions utiles, ainsi que d’allonger les plages horaires auxquelles nous avons droit (nous sommes un pays administré, et mal !). De ce fait, vous, chers patients, vous vous énervez, pestez, râlez contre nous, les dentistes, alors que nous faisons le maximum pour vous recevoir. Or une évidence s’impose : vu le maintien (là encore indispensable) des protocoles Covid, vu la diminution constante du nombre des praticiens dans le département, vu que nous ne pouvons pas demander à notre personnel de travailler 70 heures par semaine…, nous ne pourrons PAS soigner tout le monde ! Merci de ne pas nous en tenir rigueur. »


Source : Sud Ouest

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