Si les progrès dans le domaine dentaire sont exponentiels ces dernières dizaines d’années, il ne faut pourtant pas nier l’importance de l’évolution des pratiques au cours de l’histoire. Les archéologues sont là pour nous le prouver : il y a de cela des millénaires, des «dentistes» existaient déjà, avec des pratiques certes plus archaïques et douloureuses qu’aujourd’hui, mais qui ont sans aucun doute permis à nos sociétés modernes d’acquérir un tel niveau de connaissance et d’expertise dans le domaine. Parce que nos ancêtres sont les témoins de l’évolution, nous avons décidé de mettre en lumière les nouvelles découvertes sur le passé de la pratique dentaire !
De l’ère du Paléolithique...
La plus vieille trace jamais découverte du travail d’un «dentiste» sur une dent remonterait à 14 000 années, à l’ère du Paléolithique. Une molaire, retrouvée dans l’abri sous roche de Ripari Villabruna en Italie, laisse effectivement penser que la cavité creusée dans cette dent serait le résultat d’une des premières tentatives de traitement des caries. Si le squelette presque entier de ce jeune homme de 25 ans a été découvert il y a près de 30 ans, la molaire creusée avait, dans une premier temps, été identifiée comme étant une carie. Mais une étude récente plus approfondie a révélé de nombreuses traces de perforations dues à une action mécanique, montrant ainsi des marques particulières de coupe sur la surface interne de la dent. Les chercheurs ont alors effectué des tests sur des morceaux de bois, des pointes d’os ou encore de la pierre, pour pouvoir en conclure que ces marques ont bien été causées par des actions de grattage ou d’écaillage. L’outil utilisé ? Pour l’équipe de chercheurs, il s’agit très probablement d’un outil en silex extrêmement dur et fin comme une microgravette, afin de couper et prélever au cœur de la cavité.
Pour le docteur Stefano Benazzi, directeur de l’équipe de recherche: «Au fond de la dent, le tissu infecté a soigneusement été nettoyé de la gencive à l’aide d’un petit outil de pierre». Mais une question subsiste : l’homme s’était-il fait ça à lui-même ou avec l’aide d’un tiers ? En tout cas, le fait que les bords en émail de la dent soient polis et arrondis suggère que le patient a survécu durant quelques temps une fois l’opération terminée…
...À celle du Néolithique
En 2006, une découverte similaire avait été faite dans la nécropole de Mehrgarh datant du Néolithique, qui avait permis d’obtenir 4 000 dents d’environ 9 000 ans. A cette époque, la modification de l’alimentation pour un régime plus riche en céréale et en sucre a induit une augmentation des caries dentaires. Parmi les dents découvertes, 11 présentaient des traces de l’intervention d’un «dentiste» sur l’être humain vivant, à l’aide d’un perçoir en bois ou en os.
Les techniques du fil d’or
En 2 500 avant J.C., les Egyptiens utilisaient déjà des techniques poussées pour aider les dents à se stabiliser, ou à éviter qu’elles ne tombent. Ainsi, on peut voir, parmi les arcades découvertes à cette époque, des ligatures de fil d’or utilisées pour maintenir les dents entre elles. Aux environs de 500 avant J.C., les Phéniciens (habitants des cités de Phénicie, approximativement au niveau du Liban actuel) utilisaient également des fils d’or pour attacher des dents abîmées et qui risquaient de tomber, avec des dents saines.
Le plus vieux dentiste d’Amérique ?
Plus récemment, en Septembre 2016, des chercheurs de l’Université Nationale Autonome de Mexico ont fait une découverte inédite. Ils semblent avoir mis à jour ce qui semble être la plus ancienne trace de traitement dentaire jamais découverte sur le continent américain. Des ossements, datant d’environ 2 600 – 2 700 ans, ont été minutieusement étudiés par les spécialistes de l’Université. Ils ont réalisé que les traces sur les dents qu’ils ont considérées dans un premier temps comme des mutilations rituelles seraient en fait les traces d’une procédure plus complexe de traitement dentaire. Selon eux, les traitements réalisés demandaient des connaissances poussées en anatomie dentaire, connaissances que les chercheurs n’imaginaient pas trouver à cette époque.
Une mystérieuse maladie...
Et si, depuis cette époque, nombreuses ont été les découvertes et fouilles archéologiques pouvant affirmer du développement de la profession dentaire au cours des siècles, certaines «maladies» relatées dans les écrits n’ont, elles, aucune explication. C’est notamment le cas de la maladie des «dents qui explosent». Au 19ème siècle, dans les revues médicales, d’étranges symptômes sont décrits : plusieurs personnes se plaignent en effet d’avoir des dents qui explosent… En 1817, un patient se rend chez son dentiste, le Docteur Atkinton, pour une rage de dent. Le patient, fou de douleur, en vient à courir partout, à en plonger sa tête dans de l’eau froide pour obtenir un peu de répit sur sa douleur, mais rien n’y fait.
Tout d’un coup, il a ressenti un claquement sec dans sa bouche, faisait immédiatement disparaitre ses souffrances. Sa dent avait en réalité éclaté en plusieurs petits morceaux. Ce fut le premier cas enregistré, mais une série de patients présentant les mêmes symptômes et la même conclusion de l’explosion de la dent a suivi. Après cette vague de cas observés, ce phénomène a totalement disparu des revues.
Alors que s’est-il passé ? D’après certains chercheurs, il se pourrait qu’il s’agisse de caries mal soignées par les dentistes de l’époque. Un plombage, mal réalisé, aurait en effet pu créer une réaction électrochimique comparable à une batterie basse tension à cause de l’étain, du plomb et de l’argent. La présence d’hydrogène et d’une charge électrique pourrait alors expliquer le phénomène. Cependant, il n’est pas sûr qu’à cette époque, les patients possédaient déjà des plombages…
Les découvertes sur les pratiques dentaires au cours de l’histoire n’ont donc pas fini de faire parler d’elles, et certains mystères restent encore entiers !
SOURCES : HOMINIDES.COM - LE FIL DENTAIRE - HITEK.FR - DENTAGAMA.COM
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