75% des traumatismes crâniens et cervicaux associés à la violence familiale surviennent à la suite de blessures au niveau de la bouche, c'est ce que rapporte un article publié mi-avril dans le Journal of Agression, Maltreatment and Trauma. A ce titre, les professionnels du monde dentaire, et notamment les dentistes, pourraient être capables de repérer les éventuelles victimes de violences domestiques parmi les patients qu'ils reçoivent en consultation dans leur cabinet.
Selon Timothy Ellis, étudiant en médecine dentaire à la Midwestern University (Arizona, Etats-unis) et auteur principal de cette étude, une consultation est en effet l'occasion pour les dentistes « d'être des détecteurs précoces » qui peuvent orienter les victimes vers des soins de suivi adaptés.
Les signes évidents de violence qui peuvent indiquer une lésion cérébrale comprennent les fractures de la mâchoire ou des dents, les traumatismes aux nerfs de la bouche et de la mâchoire, ainsi que des lésions au niveau de l'os nasal. La décoloration des dents, les racines émoussées et la nécrose pulpaire, peuvent également être des signes d'un traumatisme dentaire antérieur justifiant un examen plus approfondi.
L'étude montre que les dentistes ne reçoivent pas ou peu d'informations sur la manière d'identifier des victimes potentielles de violence familiale et d'en discuter avec elles. « Beaucoup trouvent le sujet intéressant, mais reconnaissent avoir peu d'expérience en la matière. Il est intéressant de noter qu'il existe des protocoles très stricts en dentisterie pédiatrique, mais qu'une grande lacune subsiste en ce qui concerne les adolescents, les jeunes adultes et les adultes en général », souligne Timothy Ellis, qui s'est entretenu avec plusieurs dentistes.
En France, le rôle des dentistes pour aider les victimes de violences a été plusieurs fois évoqué. En mars 2018, une formation aux violences conjugales a été mise en place par le syndicat des femmes chirurgiens-dentistes dans les Hautes-Pyrénées. La ville de Rouen forme également les professionnels de la santé bucco-dentaire à identifier les victimes et les orienter vers des soins adaptés et les encourager à parler.
Dans notre pays, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Mais selon des estimations des bénévoles responsables de la page Facebook « Féminicides par compagnons ou ex », ce chiffre serait passé à une femme tous les deux jours depuis le début de l'année 2019.
Source : LaProvence
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